Pierrot-la-gravité, Kotaro Isaka, Editeur Philippe Picquier, janvier 2012, 465 pages
Haru et Izumi sont deux frères très liés depuis l’enfance. Haru est issu d’un viol subi par sa mère, mais les parents n’ont jamais caché cette réalité aux enfants et la famille est restée soudée autour de ce drame.
Izumi travaille pour une société de tests génétiques, tandis que Haru passe ses journées à nettoyer les tags de la ville. Quand d’étranges incendies se mettent à éclater ici et là , annoncés par de mystérieux graffitis, les deux frères décident de mener l’enquête. Les signes mis bout à bout forment un rébus dont ils s’efforcent de percer le sens.
Au-delà de l’énigme policière aux péripéties étonnantes, c’est la personnalité attachante des deux frères qui captive, ainsi que le charme des dialogues entre humour et émotion, émaillés d’interrogations sur le bien et le mal, et les questions éthiques posées par les progrès de la science.
Truffées de références culturelles et scientifiques (très abordables), les pages se tournent comme si de rien n’était.
« Il faut transmettre les choses graves avec légèreté » dit à un moment Haru dans le livre…et c’est également l’angle que choisi l’auteur. Les chapitres sont courts, les phrases simples, le ton léger. On ne s’ennuie pas, le livre est en fait divertissant mais cela ne contredit jamais la gravité des sujets abordés.
Les thèmes ne sont pas gais, sur le papier : une existence marquée par un viol, le cancer du père, la construction de son avenir, mais l’on ne se retrouve jamais dans une ambiance pesante, dans l’apitoiement ou dans le tragique.
Ce sont les relations entre les deux frères, leur complicité, leurs différences qui nous scotchent et nous empêchent de lâcher ce roman avant son dénouement.